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VOYAGE D′UNE FEMME.

revendications, des manières masculines et des coquetteries, se trompent complétement. Partout, dans cet ouest sauvage, l’influence de la femme vient immédiatement après les bienfaits de l’influence religieuse, et, là où malheureusement cette dernière n’existe pas, l’autre exerce incessamment sa puissance pour réprimer les excès.

Le dernier matin est arrivé ; je nettoyai ma chambre et m’assis près de la fenêtre pour contempler l’or et le rouge de l’un des plus beaux levers de soleil d’hiver et les pics qui s’illuminaient lentement, l’un après l’autre. J’aime ce paysage ; j’avais écrit cependant qu’il n’était pas fait pour être aimé.

À onze heures, je partis sur Birdie, Evans m’accompagnant jusqu’à la cabin de M. Nugent. Il me racontait tant de choses qu’au haut de la colline j’oubliai de me retourner pour regarder une dernière fois mon antre plein de soleil, colossal, resplendissant et solitaire ; mais à quoi bon ? Ne l’emportais-je pas avec moi ? Je n’aurais pu partir si M. Nugent ne m’avait offert ses services. Sa courtoisie envers les femmes est si bien connue qu’Evans me dit que je ne pouvais être mieux qu’avec lui, et ajouta : « Il a le meilleur cœur du monde, mais il est lui-même son plus grand ennemi. Cependant, depuis ces quatre dernières années, il vit assez tranquillement. » À la porte de sa cabin, je pris congé de Birdie, ma fidèle compagne pendant un voyage de plus de sept cents milles, et d’Evans, toujours si bon pour moi et qui, dans tous ses procédés, s’était montré honnête jusqu’à me payer à ce moment le dernier dollar qu’il me devait. Dieu veuille