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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

aimable et doux gentleman ? Eh bien, je ne l’aurais jamais cru ! Il doit être bien bon ! »

Hier matin, le mercure était à 20° au-dessous de zéro. Je crois n’avoir jamais vu d’atmosphère aussi brillante. Il se produisit ce phénomène curieux appelé « gelée tombante », en vertu duquel l’humidité qui est dans l’air se congèle, de manière à former des plumes et des feuilles de fougère ; rien n’est plus ravissant ; cela n’arrive que dans une atmosphère raréfiée, et par un froid intense : un souffle, et elles disparaissent. L’air étant rempli d’étincelles de diamants impalpables, elles brillaient, et n’étaient déjà plus. Le temps était calme, sans nuages ; et les contours des montagnes violettes ; étaient adoucis par un voile du bleu le plus tendre. Lorsque la voiture publique de Greeley arriva, j’y trouvai M. Fodder, que j’avais rencontré à Lower Canyon. Il avait témoigné le plus grand désir de venir à Estes-Park, et, s’il n’y avait pas de danger, de chasser avec « Mountain Jim ». Il était maintenant habillé à la dernière mode anglaise, et lorsque je les présentai l’un à l’autre[1], il tendit une petite main parfaitement gantée de chevreau jaune clair. La distinction du trappeur, sous ses haillons et ses vêtements bizarres, faisait ressortir la vulgarité innée du riche parvenu. Tandis que nous nous éloignions, M. Fodder bavardait d’une façon si amusante, que je ne pus me

  1. Présentation bien malheureuse, en vérité ! — Ce fut le premier anneau d’une chaîne de circonstances qui ont amené la fin prématurée de M. Nugent ; car c’est à l’instigation de cette personne — quand elle fut dominée par sa frayeur — qu’Evans a tiré ce fatal coup de feu.