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VOYAGE D’UNE FEMME

milles des montagnes, je réunis quelques objets et partis. Nous avons quitté Greeley à dix heures et sommes arrivés au fort à quatre heures et demie, après nous être arrêtés une heure en route pour manger. J’ai aimé la première partie du voyage ; mais pendant la dernière, l’ardente et flamboyante chaleur du soleil sur la terre blanchâtre était terrible, même avec l’ombrelle blanche dont je ne m’étais point servie depuis que j’ai quitté la Nouvelle-Zélande ; j’en avais des étourdissements. Puis les yeux ne se reposent jamais sur rien de vert, si ce n’est dans les fonds de rivière où il y a de l’herbe. Nous avons suivi presque tout le temps le cours de la rivière Cache à la Poudre. Elle prend sa source dans les montagnes et, après avoir fourni à Greeley ses irrigations, tombe dans la Platte, l’un des affluents du Missouri. Une fois au delà des maisons éparses et des grands enclos des vigoureux colons de Greeley, nous étions dans l’immense prairie. De temps à autre quelques cavaliers nous dépassaient, et nous avons rencontré trois chariots à bâches blanches. On peut aller presque partout, excepté là où les chiens de prairie ont creusé le sol, et le passage des chariots sur la même voie fait une route. Nous avons traversé la rivière, dont le cours est marqué tout le long du chemin par une bordure de peupliers du Canada et de trembles, et les heures se sont succédé sans qu’il y eût rien à voir, si ce n’est quelques villes de chiens avec leurs drôles de petites sentinelles. Mais, devant nous, la rue était magnifique. Les Alpes vues des plaines de la Lombardie sont le plus beau panorama de montagnes que j’aie contemplé, mais n’égalent pas encore celui-ci ; car non-seulement