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AUX MONTAGNES ROCHEUSES.

cinq pics gigantesques, d’une hauteur presque égale à celle du mont Blanc, élèvent au-dessus des chaînes plus basses leurs sommets étincelants, mais encore l’étendue de ces montagnes est immense, et le tout baigne dans un milieu transparent d’un bleu admirable qui n’est pas de la brume, mais quelque chose de particulier au pays. Le manque de premier plan est un grand défaut artistique, et l’absence de verdure est mélancolique ; cela me fait songer tristement aux détails enchanteurs des îles Hawaï. Nous nous sommes arrêtés à une maison de bois où nous avons dîné avec du bœuf et des pommes de terre ; et ce qui m’amusa, c’est que les cinq hommes qui partagèrent notre repas s’excusèrent de n’avoir point d’habit, comme si, dans les plaines, un habit n’eût pas été une énormité.

C’est le jour des élections du territoire ; des hommes parcouraient la prairie au galop, allant inscrire leurs votes. Les trois qui étaient dans le chariot parlèrent politique tout le temps, et ouvertement et sans honte des prix attribués aux votes. Évidemment, il n’y a guère de politicien, d’un côté ou de l’autre, qui ne soit accusé d’une corruption honteuse. Nous avons vu un convoi de 5 000 têtes de bétail du Texas allant du sud de ce pays à Iowa ; depuis neuf mois il est en route. Il était sous la garde de vingt vacheros à cheval, pesamment armés, accompagnés d’un petit chariot rempli de fusils et de munitions qui peuvent être utiles, car les Indiens font partout des incursions. Ils sont enragés qu’on massacre inutilement, et avec insouciance, les buffles, qui sont leur principale ressource. Il y a dans les plaines des troupeaux de chevaux sauvages, de