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VOYAGE D'UNE FEMME

de neige accompagnées de violentes rafales, et un abri, quelque froid et sombre qu’il fût, était désirable. Nous avons fait du feu, mais n’avons pas mangé. Je m’étendis sur un peu d’herbes sèches, ma selle renversée en guise d’oreiller, et je m’endormis profondément jusqu’au moment où le froid d’une gelée intense et la souffrance de mes nombreuses blessures et contusions me réveillèrent. Chalmers avait promis que nous repartirions à six heures, de sorte que je le réveillai à cinq, et je suis seule ici à huit heures et demie. Je lui avais dit plusieurs fois, qu’à moins qu’il ne mit des entraves aux chevaux ou ne les attachât, nous les perdrions. Il m’avait répondu que tout irait bien. Le fait est qu’il n’avait pas de piquets. Dans ce moment, les bêtes trottent joyeusement vers la maison, et, il y a une heure, je les ai aperçues à deux milles au loin, avec Chalmers à leur suite ; sa femme, qui est avec. lui, était exaspérée. C’est, disait-elle, le plus ignorant et le plus insouciant des propres à rien. Là-dessus, j’ai insisté sur ce qu’il avait l’intention de bien faire. Il y a ici une sorte de puits, mais notre thé d’hier, et les chevaux qui s’y sont abreuvés, l’ont mis à sec. Depuis la veille nous n’avons rien bu, car la cantine, qui n’avait pas de bouchon, a perdu tout son contenu quand la mule est tombée. J’ai fait un feu énorme, mais la soif et l’impatience sont dures à supporter, et les infortunes qu’on aurait pu éviter sont toujours pénibles. J’ai découvert un estomac d’ours qui contenait une pinte de noyaux de cerises et j’ai passé une heure à en prendre les amandes. Voilà qu’à neuf heures passées j’aperçois le coupable et sa femme qui reviennent avec les bêtes.