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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Lower Canyon, 21 septembre.

Nous n’avons pas atteint Estes-Park. Il n′y a pas de route, et des chevaux n’y sont jamais allés. Après avoir quitté le camp, nous avons passé quatre heures à chercher le chemin. Chalmers essayait de nouveau tous les ravins, et ses affirmations faiblissaient un peu après chaque échec ; parfois, il allait à l’est, alors que nous aurions dû aller à l’ouest, et nous étions toujours arrêtés par un précipice ou quelque autre obstacle. À la fin, il partit seul et revint, en se réjouissant, dire qu’il avait trouvé la piste. Bientôt, en effet, nous suivions une vieille trace, faite évidemment par des chasseurs qui y avaient traîné des bêtes mortes. En vain lui montrai-je que nous allions au nord-est au lieu d’aller au sud-ouest, et montions au lieu de descendre. Il répondait toujours que c’était ce qu’il fallait et que nous trouverions bientôt la rivière. Pendant deux heures, nous sommes montés lentement à travers un fouillis de trembles. Le froid augmentait toujours ; la piste, qui devenait plus faible, disparut, et une ouverture nous laissa voir, pas très-loin de nous ni beaucoup au-dessus, le sommet du Storm-Peak, qui a cependant 11 000  pieds de haut. Je ne pus m’empêcher de rire. Chalmers avait délibérément tourné le dos à Estes-Park. Il avoua alors qu’il était égaré, et qu’il ne pouvait trouver le chemin pour revenir chez lui. Sa femme s’assit par terre et se mit à pleurer amèrement. Nous avons mangé du pain sec, et je leur dis que j’avais une grande expérience des voyages et que j’allais prendre la direction de la bande, ce qui fut accepté. Alors commença la