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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 1.djvu/166

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LÉON TOLSTOÏ

Ilinichna provenait de ce que le mari de Pélagie Ilinichna avait été dans sa jeunesse amoureux de Tatiana Alexandrovna et l’avait demandée en mariage, proposition qu’elle avait déclinée. Pélagie Ilinichna ne lui pardonna pas l’amour de son mari pour elle ; elle la haïssait profondément, mais leurs relations étaient en apparence affectueuses.

Le mari de Pélagie Ilinichna, le colonel de hussards en retraite, V.-I. Uchkov, a laissé à Kazan le souvenir d’un homme instruit, spirituel, et très bon, et en même temps d’un farceur et d’un plaisant qu’il resta jusqu’à sa mort[1].

Pélagie Ilinichna laissa aussi à Kazan le souvenir d’une femme excessivement bonne, bien que peu intelligente. Elle était très pieuse, et à la mort de son mari, en 1869, elle se retira au couvent Optini-Poustine ; puis elle vécut dans le couvent des femmes à Toula, ensuite elle vint s’installer à Iasnaia Poliana, où elle tomba malade et mourut.

Pendant toute sa longue vie, elle pratiqua strictement tous les rites de l’orthodoxie, mais à quatre-vingts ans, avant de mourir, prise de peur devant la mort, elle refusa de communier et se fâcha contre tous pour la souffrance que lui causait l’approche de la mort.

L’écrivain américain Eugène Skyler, qui voyagea en Russie en 1838 et fit visite à Léon Nikolaievitch,

  1. Zagoskine : Le comte L.-N. Tolstoï étudiant. Istoritcheski Viestnik (Messager historique), janvier 1894.