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VIE ET ŒUVRE

mode, mais à l’église de la prison. Nous habitions la maison Gortalov, en face de la prison. L’aumônier de la prison était un prêtre pieux et austère ; pendant les semaines saintes, il faisait quelque chose qui semblait extraordinaire : il lisait tous les évangiles, ce qu’il fallait faire, et pour cette raison les offices étaient là particulièrement longs. Mitenka restait toujours jusqu’au bout et fit connaissance de ce prêtre. L’église de la prison était ainsi faite qu’un simple paravent vitré séparait l’endroit où se tenaient les prisonniers. Un jour, l’un des prisonniers voulut transmettre quelque chose au sacristain : un cierge ou de l’argent pour un cierge, mais aucune des personnes qui se trouvaient à l’église ne voulut se charger de cette commission. Mais Mitia, avec son visage sérieux, prit aussitôt l’objet en question et le transmit. C’était défendu et on lui en fit l’observation. Mais lui, croyant bien agir, continua de faire la même chose.

« Nous, principalement Serge, nous frayions avec nos camarades et des jeunes gens de l’aristocratie. Lui, au contraire, parmi tous les camarades, choisit un pauvre malheureux étudiant, Polouboiarinov ; ce fut seulement avec lui qu’il se lia d’amitié, et avec lui il prépara ses examens. Nous habitions alors un autre appartement, au coin de la place d’Arsk, dans la maison de Kisélievsky, en haut. L’appartement était séparé en deux parties par une galerie. D’un côté vivait Mitia ; de l’autre Serge et moi. Tous deux nous aimions les objets d’art et