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VIE ET ŒUVRE

père à de fréquentes absences. En outre, il partait souvent aussi pour la chasse. Ses principaux camarades de chasse étaient son ami, le vieux et riche célibataire Kiréievsky, Iazikov, Glebov, Isleniev. Mon père partageait la qualité, alors générale, des propriétaires : la passion pour quelques domestiques favoris. Ses favoris étaient deux frères : Petroucha et Matioucha, tous deux habiles garçons et bons chasseurs. À la maison, mon père, en dehors de ses occupations agricoles et de nous, les enfants, lisait beaucoup. Il se faisait une bibliothèque, composée comme à cette époque des classiques français, des œuvres historiques et des traités d’histoire naturelle : Buffon, Cuvier, etc. Ma tante me disait que mon père s’était imposé comme règle de ne jamais acheter un nouveau livre sans avoir lu ceux qu’il possédait déjà. Mais, bien qu’il ait beaucoup lu, il m’est difficile de croire qu’il ait absorbé toutes ces volumineuses « Histoire des Croisades » et « Histoire des Papes » qu’il avait achetées pour sa bibliothèque. Autant que j’en puis juger, il n’avait pas de penchants pour les sciences, mais il était au niveau des gens instruits de son temps.

« Comme la plupart des hommes de l’époque d’Alexandre ier et des campagnes de 1813-14-15, il n’était pas ce qu’on appelle maintenant un libéral, mais tout simplement, par sentiment de sa propre dignité, il ne trouvait pas possible de servir, ni à la fin du règne d’Alexandre ier ni sous le règne de Nicolas. Non seulement il ne servit jamais, mais