Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/136

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
LÉON TOLSTOÏ

discuter sérieusement. Maintenant, il faut autre chose. Ce n’est pas nous qui devons nous instruire, mais nous devons apprendre un peu à Marfoutka et Tarasska ce que nous savons. Au revoir, cher ami[1]. »

Léon Nikolaievitch avait en effet décidé que l’homme doué de raison et riche en connaissances était obligé, avant d’en jouir, de partager avec ceux qui en sont privés, c’est pourquoi il consacrait ses loisirs à l’enseignement. À ces occupations il passa l’hiver 1859-1860. Au cours de cet hiver, pendant la lecture des livres sérieux, des pensées telles que celles-ci lui viennent en tête :

« 1er Février. Lu « La dégénérescence de l’esprit humain », et aussi qu’il existe un degré supérieur, physique, du développement de l’esprit. À ce degré, machinalement, je me suis rappelé la prière.

« Prier, qui ? Qu’est-ce que Dieu qu’on se représente si clairement qu’on peut le prier d’être en communion avec lui ? Si je me le représente tel, il perd pour moi toute majesté. Le fait de pouvoir le prier et le servir montre la faiblesse de l’esprit. Il est Dieu, précisément parce que je ne puis me représenter tout son être. Et il n’est pas même un être. Il est la loi et la force…

« Que cette page reste la preuve de ma conviction de la force de l’intelligence. »

Ensuite il lit les récits d’Auerbach ; Reineke

  1. Fet, Mes Souvenirs, 1re partie, p. 317.