Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
VIE ET ŒUVRE

veau venu, vous avez une autorité que n’a pas, par exemple, Ostrovsky, avec son immense talent et sa vie aussi honorable que la vôtre. Pourquoi cela ? Ce serait trop long à analyser, et là n’est pas la question. Si vous vous détachiez du cercle littéraire et cessiez d’écrire, vous vous ennuieriez et perdriez la place que vous avez acquise dans la société.

« À ce passage, j’arrête ma dissertation, car mon papier est rempli. Si ces idées vous intéressent vous les développerez et y suppléerez. »

Avec les mêmes conseils amicaux, il s’adresse à Fet.

« Mon cher et bien estimé Afanassi Afanassiévitch. Quant à votre intention de ne plus rien écrire et de ne plus rien publier, je vous dirai la même chose qu’à Tolstoï :

« Tant que vous n’aurez à écrire quelque chose de bon, tenez-vous à votre décision, et quand vous sentirez l’envie d’écrire quelque chose de bien, alors vous-même, sans aucune influence extérieure, vous changerez d’avis. Il est impossible de tenir sous scellés de bons vers et un bon livre, bien que vous en fassiez mille serments ; c’est pourquoi il vaut mieux n’en pas faire. Ces deux ou trois années, Tolstoï et vous, vous vous trouviez sous une impression non poétique, et vous faites très bien, tous deux de vous abstenir. Mais aussitôt que l’âme se remuera et créera quelque chose de bon, tous deux vous oublierez votre abstinence. Aussi ne vous liez pas par les promesses, d’autant plus que personne