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LÉON TOLSTOÏ

faisais. Que de fois, dans mes écrits, ai-je bafoué, dissimulé, sous un air d’indifférence et même de légère moquerie, mes aspirations vers le bien, qui faisaient le sens de ma vie, et j’atteignais le but : on me louait.

« J’avais vingt-six ans quand je vins à Pétersbourg, après la guerre, et je me liai avec les écrivains. Ils me reçurent comme un des leurs ; on me flagornait[1]. »

Il est évident que vingt années avant d’écrire ces lignes, Léon Nikolaievitch était dominé par d’autres sentiments, bien que les germes de ce scepticisme, de cette analyse implacable de soi-même se manifestassent déjà, étonnant ses camarades.

Le Sovremennik (le Contemporain) était une revue fondée par Pouschkine et Pletniev. Son premier numéro parut en 1836. Après la mort de Pouschkine, de 1836 à 1846, Pletniev l’édita seul, et la revue tomba complètement.

En 1847, J.-J. Panaiev et N.-A. Nekrassov achetèrent cette revue. En collaboration du critique bien connu Belinski, ils attirèrent rapidement au Sovremennik les meilleures forces littéraires, et jusqu’en 1866, c’est-à-dire jusqu’au moment où la revue fut supprimée par ordre des autorités, elle demeura le premier organe progressiste de la littérature russe artistique, critique et publiciste.

Au moment de l’arrivée de Tolstoï à Pétersbourg, le cercle le plus intime du Sovremennik

  1. Les Confessions, édition russe A.-V. Tchertkov, page 6.