Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
LÉON TOLSTOÏ
« Monsieur,

« En réponse à votre lettre je ne puis que répéter ce que je me suis cru obliger de déclarer chez Fet.

« Emporté par un sentiment de haine invincible dont il n’est point le moment de rechercher les causes, je vous ai offensé sans aucune provocation de votre part, et vous ai demandé de m’en excuser. Ce qui s’est passé ce matin a montré clairement que toutes les tentatives de rapprochement entre deux natures si opposées que les nôtres ne peuvent donner rien de bon, et c’est pourquoi je vous rends d’autant plus volontiers ce que je vous dois, que la présente lettre est probablement la dernière manifestation de tout rapport entre nous. Je souhaite de tout mon cœur qu’elle vous satisfasse et donne d’avance mon consentement à l’emploi que vous jugerez bon d’en faire.

« Avec respect, j’ai l’honneur d’être votre serviteur.

« 27 mai, 1861. Spasskoïé.
« Ivan Tourgueniev. »

N. B. — « 10 h. 1/2 du soir. Ivan Pétrovitch vient de me rapporter ma lettre que mon domestique, par sottise, avait envoyée à Novosiolky, au lieu de Bogouslav. Je vous demande d’excuser cette regrettable erreur, j’espère que mon messager vous trouvera encore à Bogouslav. »

Ce même jour, probablement, Tolstoï écrit à Fet :