Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 2.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
LÉON TOLSTOÏ

vous reconnais peut-être le droit d’exiger satisfaction à main armée.

« Vous avez préféré vous contenter de mon excuse écrite et répétée. Vous étiez libre. Je dirai sans phrase, que je supporterais volontiers votre revolver si je pouvais par cela effacer mes folles paroles. Le fait que j’aie pu prononcer de telles paroles est tellement loin des habitudes de toute ma vie que je ne puis l’attribuer qu’à l’irritation provoquée par l’excessif et constant antagonisme de nos opinions. Ce n’est pas une excuse ; je ne veux pas par là me justifier, ce n’est qu’une explication. C’est pourquoi, en me séparant de vous pour toujours, — de pareils événements sont inoubliables, — je crois de mon devoir de vous répéter encore une fois que dans cette affaire c’est vous qui avez raison et que tous les torts sont de mon côté. J’ajoute que la question ici n’est pas dans mon désir de montrer ou non du courage, mais je vous reconnais le droit de m’amener sur le terrain, sans doute dans les formes admises (c’est-à-dire avec des témoins) ainsi que celui de m’excuser. Vous avez choisi ce qu’il vous a plu, je n’ai qu’à me soumettre à votre décision.

« De nouveau, je vous prie d’agréer l’assurance de mon estime la plus parfaite. »

« Ivan Tourgueniev. »

Fet, désirant de tout son cœur la réconciliation de ses amis, faisait dans ce sens tout ce qu’il pouvait, car il raconte dans ses Souvenirs ;