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LÉON TOLSTOÏ

ques, expérimentales et historiques ; puis il analyse séparément chacune d’elles.

« De notre temps, où l’enseignement religieux ne forme qu’une petite partie de l’instruction, cette question : Quelles raisons a l’école pour instruire la jeune génération d’une certaine façon ? reste insoluble au point de vue religieux[1]. »

Les raisons philosophiques aussi ne peuvent servir de bases à la contrainte :

« Tous les philosophes, de Platon à Kant, tendent à un seul but : délivrer l’école du joug historique qui pèse sur elle. Ils veulent deviner ce qui est nécessaire à l’homme et, sur ces besoins établis avec plus ou moins de certitude, ils construisent leur nouvelle école. Luther impose l’enseignement des saintes écritures dans l’original et non d’après les commentaires des Pères de l’Église. Bacon veut qu’on étudie la nature d’après la nature elle-même et non d’après les ouvrages d’Aristote. Rousseau veut apprendre la vie par la vie même, comme il la comprend, et non d’après les expériences antérieures.

« Chaque effort de la philosophie et de la pédagogie n’a d’autre objet que de délivrer l’école des éléments d’instruction que les générations antérieures ont considérés comme science, et de donner de nouveaux éléments répondant mieux aux besoins des jeunes générations. Cette idée seule, générale, qui, en même temps, porte une contradiction, se

  1. Id., p. 9.