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VIE ET ŒUVRE

classe qui s’instruit. Mais c’est le contraire. Le peuple s’oppose toujours aux efforts que la société et le gouvernement, les représentants de la classe instruite, déploient pour son instruction, et, en général, ces efforts restent infructueux[1]. »

Une des manifestations de cette contradiction, c’est la loi de l’instruction obligatoire, qui existe maintenant dans presque tous les États européens, c’est-à-dire, l’obligation pour le peuple d’apprendre à lire et à écrire, ce que, malheureusement, on tâche d’introduire chez nous en Russie.

S’il y a contrainte, c’est qu’il y a opposition. D’où provient donc cette opposition, s’il y a indiscutablement dans le peuple le besoin de l’instruction, et si partout, spontanément, il apprend et considère l’instruction comme un bien ?

« Dans ce cas, comme dans le cas de chaque conflit, il fallait résoudre les questions suivantes : Qu’est-ce qui est le plus légitime : l’opposition faite aux gens qui veulent répandre l’instruction, ou l’activité même de ces derniers ! Faut-il vaincre cette opposition ou modifier cette activité[2] ? »

Et la question, on ne sait pourquoi, s’est toujours décidée au profit de la contrainte. Mais pour exercer cette contrainte, des bases raisonnables quelconques sont nécessaires. Quelles sont-elles ? À cette question, Léon Nikolaievitch répond ainsi : Les raisons peuvent être religieuses, philosophi-

  1. Œuvres complètes du comte L.-N. Tolstoï. Édition P.-V. Stock. Sur l’instruction publique, tome xiii, p. 1.
  2. Ibid., p. 4