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VIE ET ŒUVRE

« Si, durant des siècles, un phénomène aussi anormal que l’instruction et l’éducation forcées a pu exister, ses causes doivent être enracinées dans la nature humaine. Ses causes, je les vois :

« 1o Dans la famille ;

« 2o Dans la religion ;

« 3o Dans l’État ;

« 4o Dans la société (au sens étroit du mot et, en outre, chez nous, dans le cercle des fonctionnaires et de la noblesse)[1]. »

Sans justifier les trois premières causes de la contrainte, Tolstoï dit que toutes sont compréhensibles. Il est difficile d’empêcher les parents d’élever les enfants comme eux-mêmes l’ont été. Il est difficile au croyant de ne pas désirer que son enfant soit élevé dans la même foi. Enfin il est difficile d’exiger du gouvernement qu’il ne se prépare pas les fonctionnaires qui lui sont nécessaires.

Mais quel droit a la société privilégiée, libérale, d’élever à sa manière le peuple qui lui est étranger ? On ne peut l’expliquer que par une erreur grossière égoïste. D’où provient donc cette erreur ?

« … Je pense que la cause c’est que nous n’entendons pas la voix de celui qui nous attaque. Nous ne l’entendons pas parce qu’il ne parle ni dans la presse, ni dans la chaire : c’est la voix puissante du peuple, et il faut l’écouter[2]. »

Et Tolstoï se met à examiner les instruments de

  1. Ib., p. 162.
  2. Ib., p. 164.