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LÉON TOLSTOÏ

cette éducation forcée, c’est-à-dire les établissements scolaires, depuis l’école la plus élémentaire jusqu’à l’école supérieure, et il n’y voit rien de consolant. Il critique surtout nos universités. Sans nier, en principe, l’instruction universitaire, Tolstoï dit :

« … On comprend l’Université comme une institution qui correspond à son nom et à son idée fondamentale : la réunion d’hommes dans un but d’instruction mutuelle.

« Telle université qui nous est inconnue existe en divers endroits de la Russie. Dans les universités elles-mêmes, dans les cercles des étudiants, plusieurs d’entre eux se réunissent, lisent, causent, et enfin, décident de quelle façon il leur faut se réunir et causer entre eux. Voilà la vraie université. Et nos universités, malgré tous les racontars sur le soi-disant libéralisme de leur institution, sont des établissements qui ne se distinguent par rien de l’organisation des pensionnats de jeunes filles et du collège militaire[1]. »

« Outre l’absence de liberté, d’originalité, un des défauts principaux de nos universités, c’est leur détachement de la vie.

« Regardez comment un fils de paysans s’habitue à diriger la maison ; le fils d’un sacristain, en lisant dans le choeur, à être chantre ; le fils d’un éleveur kirguis, à être éleveur. Dès leur bas âge ils se mettent en rapport direct avec la vie, la nature et les

  1. Ib., p. 180.