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VIE ET ŒUVRE

sieur, de vous communiquer cet avis, supposant que vous ne trouverez peut-être pas inutile d’attirer tout spécialement sur cette publication l’attention de la censure. »

Après avoir reçu ce rapport, le ministre de l’Instruction publique donna l’ordre d’examiner tous les numéros de la revue Iasnaïa-Poliana, et le 24 octobre de la même année, il fit savoir au ministre de l’Intérieur : « Qu’après examen fait au ministère il résulte du rapport concernant la revue Iasnaïa Poliana, qu’il ne voit lui-même aucun danger dans la publication de cette revue ; rien n’y est contraire à la religion, mais on y rencontre l’expression originale de théories pédagogiques sujettes à critique, comme dans les revues scientifiques pédagogiques, mais qui ne peuvent nullement entraîner l’interdiction de la revue par la censure. »

« En général, écrivait plus loin le ministre de l’Instruction publique, je dois dire que l’enseignement pédagogique du comte L. Tolstoï mérite tout respect, et le ministère de l’Instruction publique est obligé de l’aider, bien qu’il ne puisse partager toutes ses idées, qu’après examen, le comte Tolstoï répudiera probablement lui-même[1]. »

Mais le ministre de l’Instruction publique se trompait. Tolstoï ne renonça point à ses idées, bien que toutes ces mesures aient arrêté dans son essor l’œuvre pédagogique de Iasnaïa Poliana.

  1. E. Soloviev : L.-N. Tolstoï ; sa vie et son activité littéraire, édition de Pavlenkov. Saint-Pétersbourg, 1897, p. 73.