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VIE ET ŒUVRE

Jean-Baptiste, adressée par celui-ci au Christ : « Je ne suis pas digne de délier les cordons de ses chaussures. » Néanmoins, leurs relations ne furent jamais ni cordiales, ni intimes.

Ce n’est qu’à son lit de mort, dans sa dernière lettre, que, suppliant avec tendresse Léon Nikolaievitch de retourner à la littérature, Tourgueniev lui a donné le nom que jusqu’alors n’avait reçu aucun écrivain russe. Il l’appela « le grand écrivain de la terre russe », et ce nom célèbre passera à la postérité.

Pour donner au lecteur une idée des rapports qui s’étaient établis entre Tolstoï et Tourgueniev les premiers temps de leur connaissance, devançant un peu notre récit, nous citerons quelques lettres de Tourgueniev à Tolstoï, écrites la même année :

« À L.-N. Tolstoï, Paris, 18 novembre 1856.

« Mon cher Tolstoï,

« Votre lettre du 15 octobre a mis un mois entier pour me parvenir. Je ne l’ai reçue qu’hier. J’ai beaucoup réfléchi à ce que vous m’écrivez, et il me semble que c’est vous qui avez tort. C’est vrai que je ne puis pas être tout à fait véridique avec vous, parce que je ne puis pas être tout à fait sincère. Il me semble que nous avons fait connaissance gauchement, dans un moment mal choisi, et quand nous nous reverrons, ce sera beaucoup plus facile et plus agréable. Je sens que je vous aime