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LÉON TOLSTOÏ

comme homme (quant à l’auteur, il n’y a pas de quoi parler), mais beaucoup de choses en vous me choquent, et à la fin, j’ai trouvé beaucoup plus commode de me tenir loin de vous. Quand nous nous reverrons, nous tâcherons de nouveau d’aller la main dans la main ; peut-être cela réussira-t-il mieux ; de loin (bien que cela sonne étrangement) mon cœur est porté vers vous comme vers un frère, et je ressens même de la tendresse pour vous. En un mot, je vous aime, cela est indiscutable, peut-être qu’avec le temps il en sortira quelque chose de bon.

« J’ai su votre maladie et j’en ai été attristé, et maintenant je vous demande de chasser le souvenir de ces maux de tête. Vous aussi vous êtes impressionnable, et vous pensez peut-être à la phtisie, mais je vous jure que vous n’en êtes point atteint. Je plains beaucoup votre sœur. Qui devrait se porter mieux qu’elle ? Je veux dire que si quelqu’un mérite d’être bien portant, c’est elle. Et au lieu de cela, elle souffre toujours. Ce serait heureux que la cure de Moscou lui fît du bien. Pourquoi ne faites-vous pas venir votre frère ? Quel plaisir a-t-il à rester au Caucase ? Veut-il devenir un grand guerrier ? L’oncle m’écrit que vous êtes tous déjà partis à Moscou ; c’est pourquoi j’adresse cette lettre à Moscou, au nom de Botkine.

«La phrase française me donne autant de dégoût qu’à vous et jamais Paris ne m’a paru si vulgaire et si prosaïque. Le bien-être ne lui convient pas.