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LÉON TOLSTOÏ

tout cela en détail à Nékrassov, à Rome, et il est bien possible que tout cela le force à retourner plus tôt qu’il ne le supposait. Écrivez-moi exactement dans quel numéro du Sovremennik paraîtra votre Jeunesse, et à propos donnez-moi votre impression définitive sur le Roi Lear, que probablement vous avez lu, au moins pour Droujinine[1]. »

Nous n’avons pas de renseignements exacts sur l’opinion qu’avait Tolstoï du Roi Lear, dans la traduction de Droujinine ; mais, de la lettre suivante de Botkine à Droujinine, on peut voir que la traduction avait plu à Tolstoï.

« Quel succès de votre Lear ! Pour moi il était indiscutable, mais le plaisir augmente quand la conviction intime devient l’évidence. Et voilà la célèbre antipathie de Tolstoï pour Shakespeare contre laquelle Tourgueniev a tant bataillé. Je me rends cette justice que j’étais convaincu que cette antipathie disparaîtrait à la première occasion. Mais je me réjouis que votre belle traduction ait été cette occasion[2]. »

Toutefois la joie de Botkine semble avoir été prématurée, car L.-N. Tolstoï conserva longtemps son antipathie pour Shakespeare. Mais nous en reparlerons dans un des chapitres suivants.

Le 5 décembre 1856, de Paris, Tourgueniev écrit entre autres à Droujinine :

  1. Premier recueil des lettres de Tourgueniev, page 33.
  2. Des papiers de A.-V. Droujinine. Recueil édité par la Société des gens de Lettres. Saint-Pétersbourg, 1884.