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VIE ET ŒUVRE

plaisir je l’ai lue. Votre encouragement m’a réjoui sincèrement, profondément. En outre, de toute votre lettre, se dégageait quelque chose de doux, de clair, un calme amical quelconque. Il me reste à vous tendre la main à travers le fossé qui depuis longtemps est devenu enfin une fente à peine visible. Mais n’en parlons plus, cela n’en vaut pas la peine.

«J’ai peur de parler d’une circonstance mentionnée dans votre lettre. Ce sont des choses très délicates que les paroles peuvent flétrir avant qu’elles ne soient mûres, et quand elles sont mûres on ne peut les écraser avec le marteau. Dieu fasse que tout s’arrange bien. Cela peut vous apporter cette fermeté d’âme dont vous aviez besoin quand je vous ai connu. Je vois que maintenant vous êtes très lié avec Droujinine et vous trouvez sous son influence. C’est bien ; seulement, prenez garde, n’en mangez pas trop. Quand j’étais de votre âge, seules les natures enthousiastes avaient de l’influence sur moi. Mais vous, vous êtes un autre homme, et peut-être les temps sont-ils changés. J’attends avec impatience l’envoi de la « Bibliothèque de lecture ». Je veux lire l’article sur Belinsky, bien que probablement il me satisfera très peu. Le fait que le Sovremennik est en mauvaises mains est indiscutable. Panaiev commence à m’écrire très souvent et m’affirme qu’il n’agira pas « à la légère », en soulignant ces mots. Mais pour le moment il se tient tranquille et se tait comme un enfant qui a fait dans ses culottes pendant le dîner. J’ai écrit sur