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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/120

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LÉON TOLSTOÏ

qu’il ne doit pas faire ce qui est contraire, impropre à sa nature : qu’il ne faut pas aller nu l’hiver, qu’il ne faut pas se nourrir des déjections, qu’il ne faut pas marcher à quatre pattes. Le fait que c’est impropre, contraire à la nature humaine n’est-il pas prouvé depuis longtemps, depuis la femme adultère. Depuis lors, les hommes sont-ils devenus si sages, le colonel U… et Gricha Kolokoltzov avec son cheval, qu’ils n’hésitent pas à jeter la première pierre ?

« Alors je ne comprenais pas cela. Je ne le comprenais pas quand, par Mme Tolstoï, je faisais faire des démarches auprès de l’Empereur afin d’obtenir la grâce de Chibounine. Maintenant je suis étonné de l’erreur dans laquelle j’étais quand je pensais que dans toute cette affaire Chibounine était quelque chose de normal et que l’intervention de l’Empereur était tout à fait naturelle. El j’ai prié cet homme de gracier un autre homme, comme si une pareille grâce pouvait être dans le pouvoir de quelqu’un. Si j’eusse été indemne de l’étourdissement général, je n’aurais pu faire qu’une chose : prier Alexandre ii non de gracier Chibounine, mais de se faire grâce à soi-même, de sortir de cette horrible situation dans laquelle il se trouvait complice involontaire de tous les crimes qui se commettent « au nom de la loi », puisque, pouvant y mettre un terme, il ne le faisait pas.

« Mais alors je ne comprenais point cela. Je sentais vaguement qu’il se passait quelque chose qui ne peut pas être, qui ne doit pas être, et que ce n’est pas un phénomène isolé, mais un phénomène profondément lié à tous les autres maux et à toutes