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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/189

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VIE ET ŒUVRE

adressées alors à des parents et à des amis, nous voyons avec quelle ardeur il s’y donnait. Par exemple, en février 1872, il écrit à Fet :

« J’ai terminé mon Syllabaire : il est à l’imprimerie, et je commence à écrire une œuvre très intéressante dont je ne parlerai pas, non seulement par lettre, mais même de vive voix, bien que vous soyez celui à qui l’on peut tout raconter. »

En automne, il se met d’arrache-pied à cette besogne. Le 17 novembre 1870, la comtesse Sophie Andreievna écrit à son frère :

« Maintenant nous avons une vie très sérieuse, on travaille toute la journée. Léon est assis devant une foule de livres, de portraits, de tableaux, et, les sourcils froncés, lit, examine, prend des notes. Le soir, quand les enfants sont couchés, il me raconte ses plans et ce qu’il veut écrire. Parfois il est désenchanté : il est saisi de désespoir et pense qu’il n’en sortira rien. Parfois, au contraire, il est plein d’enthousiasme pour son travail. Mais, jusqu’à présent, on ne peut encore dire qu’il écrit, il ne fait que se préparer à écrire. Il a choisi l’époque de Pierre le Grand. »

Et en décembre :

« Léon ne fait que lire des livres historiques sur l’époque de Pierre le Grand, et il s’y intéresse beaucoup. Il note divers traits de caractère et de mœurs du peuple et des boyards, ainsi que de Pierre. Il ignore lui-même ce qui résultera de son travail. Mais il me semble qu’il écrira de nouveau une épopée semblable à Guerre et Paix, mais sur l’époque de Pierre le Grand. »

Presque à la même date, le 11 décembre, Tolstoï écrit lui-même à Strakov :