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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/221

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VIE ET ŒUVRE

accident se répéta de nouveau l’année suivante, en 1873. De nouveau un taureau tua un ouvrier. Mais il est probable que cette fois il n’y eut point de complications judiciaires, puisque nous n’en trouvons trace ni dans la correspondance de Tolstoï ni dans celle de ses familiers.


En novembre, parut le Syllabaire. N. N. Strakov devenu libre put enfin aller voir Tolstoï qui l’invitait depuis longtemps. Dans la lettre de la comtesse Sophie Andréievna à sa sœur, datée du 14 novembre, nous trouvons l’indication suivante : « Nous avons eu Strakov. Il a passé cinq jours avec nous. Il a été très agréable ; il est si spirituel et si instruit. »

Dans la correspondance de L. N. Tolstoï, on remarque que la visite de Strakov a laissé en lui une trace profonde. Il lui écrit entre autres :

« Savez-vous ce qui m’a frappé en vous ? C’est l’expression de votre visage quand une fois, ignorant que j’étais dans mon cabinet, vous êtes entré par la porte du balcon. Cette expression inhabituelle, concentrée et sévère, vous a expliqué à moi (sans doute en y ajoutant ce que vous avez écrit et dit). Je suis sûr que vous êtes destiné à l’activité purement philosophique, je dis purement en sens d’abnégation, d’explication poétique et religieuse des choses, car la philosophie purement intellectuelle est un produit de l’Occident, et ni Platon, ni Schopenhauer, ni les penseurs russes ne l’ont prise ainsi. Vous possédez une qualité que je n’ai rencontrée chez aucun autre Russe : c’est avec une clarté et une sobriété dans l’exposition,