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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/278

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LÉON TOLSTOÏ

nité. Je fus ces jours-ci à Moscou, uniquement pour m’enquérir des nouvelles de la guerre, qui m’émotionne beaucoup. Maintenant, tout le brouillamini du mouvement serbe, en devenant l’histoire du passé, a reçu son importance. Cette force qui produit la guerre s’exprima auparavant et montra la direction[1]. »

Tout ce qui pour le monde est raisonnable est mal ; tout ce qui pour le monde est insanité est bien. N’est-ce point la négation de la vie ancienne et la naissance de la conscience religieuse ? En effet, pour Tolstoï, la vie ancienne était terminée, elle ne subsistait que par inertie, mais, pour la rejeter, il fallait une grande commotion morale. Cet examen des limites de la vie devint bientôt pour Tolstoï presque son état constant. Une année plus tard il écrit à Fet :


« 14 avril 1877.

« Vous me parlez pour la première fois de la divinité — Dieu, tandis que moi, depuis longtemps déjà, je pense sans cesse à ce problème essentiel. Et ne dites pas qu’on ne peut y penser ; non seulement on le peut, mais on le doit. Dans tous les siècles, les hommes les meilleurs, c’est-à-dire les vrais hommes, y pensaient. Et si nous ne pouvons penser comme eux, nous sommes obligés de trouver comment il faut penser. »

Cette même année il écrit à Strakov :

« C’est pénible et humiliant de vivre dans l’oisiveté absolue, et c’est ignoble de s’en consoler en

  1. Archives de V. G. Tchertkov.