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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/293

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VIE ET ŒUVRE

les questions suivantes, sans réponses : a) Pourquoi suis-je ? b) Quelle est la cause de mon existence et de l’existence de chacun ? c) Quel est le but de mon existence et de chaque existence ? d) Que signifie et pourquoi existe cette dualité du bien et du mal que je sens en moi ? e) Comment dois-je vivre ? f) Qu’est-ce que la mort ? Et l’expression la plus générale de toutes ces questions, et la plus complexe, c’est : Comment puis-je me sauver ? Je sens que je péris. Je vis et meurs. J’aime la vie et crains la mort. Comment puis-je me sauver ?

« 2o La pensée raisonnable, non seulement la mienne, mais celle de toute l’humanité, ne donne aucune réponse à cette question. Et même, si elle veut être très exacte, elle dit qu’elle ne comprend pas la question. Cependant moi avec toute l’humanité demande : Comment puis-je me sauver ? La pensée raisonnable ne donne pas la réponse, mais le résultat de l’activité humaine — ressemblant extérieurement à la pensée raisonnable puisqu’elle s’exprime comme celle-ci par la parole — donne cette réponse. Cette réponse, c’est la religion. Cette réponse n’est pas de celles qui demandent des efforts, qui sont tellement cachées qu’elles exigent un travail particulier, une voie artificielle. Si cette réponse était telle, vu la concordance que nous constatons en tout, on pourrait douter d’elle. Mais cette réponse accompagne toujours la question, de sorte qu’elle n’échappe à aucun homme. Seuls en sont privés les hommes qui ne se posent pas ces questions — les hommes jeunes, passionnés, qui aiment la vie — ou ceux qui, en acceptant les réponses de la religion aux questions raisonnables, en exigent la