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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/374

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LÉON TOLSTOÏ

misère à Moscou et proposer ensuite aux personnes de la société d’apporter une aide fraternelle au soulagement de cette misère. C’est ainsi que Tolstoï écrivit son article bien connu : « Sur le Recensement. » Tout ce qu’il vit et ressentit au cours de ce recensement, il l’a raconté dans son livre ; Que devons-nous faire ? auquel nous empruntons ce récit autobiographique :

« À tous ceux que je vis ce jour-là (je m’adressais spécialement aux riches), je dis la même chose, presque exactement ce que j’avais écrit dans l’article : je proposais de profiter du recensement pour connaître au juste la misère, à Moscou, et y remédier par les œuvres et l’argent et faire de telle sorte qu’il n’y eût plus de pauvres à Moscou et que nous, les riches, pussions, la conscience tranquille, jouir des biens de la vie auxquels nous étions habitués. Tous m’écoutaient attentivement, sérieusement, mais avec tous, sans exception, cela se passait de la même manière. Dès que mes auditeurs comprenaient de quoi il s’agissait, ils paraissaient gênés, et un peu honteux, principalement pour moi qui avais pu dire de telles bêtises, mais dont on ne pouvait dire carrément : ce sont des bêtises, comme s’il eût existé une cause extérieure obligeant les auditeurs à les approuver. »

Dans ce livre remarquable, Tolstoï raconte avec une franchise insurpassable ses essais infructueux de bienfaisance. Sur sa demande il avait été chargé du recensement de l’arrondissement de Khamovniki, près du marché de Smolensk. Là se trouvaient des habitations appelées maisons Rjanov ou forteresse de Rjanov. Tolstoï s’y rendit quelques jours avant