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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/413

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VIE ET ŒUVRE

primé. Il est probable que bientôt tout sera prêt. Léon est parti pour Iasnaïa pour une semaine, il y chassera et se reposera. »

De Iasnaïa, Tolstoï écrit à sa femme :

« J’ai reçu ici, par le prince, une lettre d’une certaine Smirnov et une autre du marquis d’Yves, de Paris, très intéressante. Il est membre de la Société de la paix universelle et il écrit un livre contre la guerre et la révolution, « la Mission des souverains… » Je lis Stendhal et Engelghardt. Engelghardt est merveilleux. On ne peut le lire et le louer suffisamment. Le contraste de notre vie avec la vraie vie des paysans que nous oublions si soigneusement. Pour moi, c’est un de ces livres qui me déchargent d’une partie de ce que je me sens obligé de faire. Malheureusement, personne ne le lit, ou on lit et on dit : « Mais, quoi, il est socialiste ! » Socialiste ! Il n’y songe même pas, mais il dit ce qui est. Aujourd’hui, je suis seul. Dmitri Féodorovitch seul est venu. (Nous avons causé de sa vie. Il dépense onze roubles par mois pour sa famille de sept personnes, et il vit.)

« Je lis Rouge et Noir de Stendhal. Je l’avais lu il y a quarante ans, mais je l’avais oublié. Je n’avais conservé que le souvenir de ma sympathie pour l’auteur, pour sa hardiesse, la parenté de notre pensée, mais la non-satisfaction. Et c’est étrange, j’éprouve de nouveau le même sentiment, mais avec la conscience nette du pourquoi et du comment[1]. »

En 1883, N. N. Strakov, qui avait écrit une biographie de Dostoïevski, l’envoya à Tolstoï. Il répondit à cet envoi par la lettre suivante :

  1. Archives de S. A. Tolstoï.