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chapitre sixième

rapporte-t-il ? » En m’entendant répondre qu’il ne s’agissait ni d’argent ni de pari, un air d’incrédulité se peignait sur tous les visages, et souvent le canotier passait pour fou de risquer sa vie sans avoir rien à gagner. À Trenton, le canal traverse la ville, et il fallait porter le canot pour tourner deux écluses. À midi, il termina son étape de quarante-deux milles en atteignant la dernière écluse sur la Delaware, à Bordentown (New-Jersey), où des bras amis reçurent la Maria-Theresa et la déposèrent dans les ateliers de M. Lamson, sur les chantiers, qui avaient déjà porté son frère, le Mayeta, et qui sont situés au pied de hautes collines, près des rochers où un ex-roi d’Espagne avait l’habitude de se promener en réfléchissant tristement à son exil « de la belle France ».

Le Révérend John Brakeley, directeur d’un pensionnat de jeunes filles à Bordentown, me reçut dans son ancienne maison, où Thomas Paine, célèbre au temps des guerres de l’Indépendance, avait logé. Le moindre attrait de l’hospitalité de mon ami n’était certainement pas le groupe des cinquante jeunes pensionnaires qui eurent l’amabilité, le jour de mon départ, d’aller sur une hauteur du voisinage pour envoyer au canot leurs souhaits de bon voyage quand il entra dans la Delaware, en route pour Philadelphie.

Pendant mon séjour à Bordentown, M. Isaac Gabel eut l’obligeance de me servir de guide et de me faire voir le parc Bonaparte, qui est situé dans les faubourgs de la ville. Les jardins sont parfaitement entretenus. Quelques-unes des maisons occupées jadis par les amis et les ser-