Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/158

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chapitre huitième.

de cette île ; elle a sur chacune de ses extrémités une communication avec l’Océan, appelée : celle du nord, Assateague ; celle du sud, Chincoteague. Heureusement, je traversai cette dernière passe en calme, jusqu’aux Ballast-Narrows, dans les marais, et bientôt j’atteignis les quatre bouches ; mais là, j’en trouvai cinq, ce qui m’embarrassa très-fort, car les pilotes de Chincoteague n’avaient-ils pas nommé ce déploiement de bouches « quatre bouches » ? Je m’en rapportai à l’autorité du savoir local, et je fus bientôt dans un labyrinthe de ruisseaux qui venaient se jeter dans le marais, près de la plage. Retournant sur mes pas, je me retrouvai en face des cinq bouches, et prenant une nouvelle direction en entrant dans la plus voisine de celle que j’avais explorée avec si peu de succès, j’entrai bientôt dans Rogne’s Bay par le travers de laquelle on pouvait voir l’embouchure du Cat-Creek, point où je m’attendais à rencontrer les difficultés prédites par mes amis de Chineoteague. Mais le ruisseau me fournit suffisamment d’eau pour mon canot, à demi-marée, et je n’éprouvai pas la moindre peine à le traverser. Les pêcheurs d’huîtres, en me parlant comme ils l’avaient fait, pensaient à leurs barques gréées en sloops, et ils n’avaient pas songé que mon petit canot ne tirait que cinq pouces d’eau.

Le Cat-Creek me porta jusqu’à la plage, où j’eus le plaisir d’apercevoir, à travers une brèche, l’Océan au bleu profond et aux vagues coiffées de crêtes blanches. Il y avait encore une passe à traverser, et là encore je fus favorisé par le calme. C’était la passe d’Assawaman du sud.