Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/302

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chapitre douzième.

les figures irlandaises ; cette fois le cas était sérieux. Ils ne pouvaient découvrir ni aucune affaire de roman, ni de sentiment dans mon voyage, et ne s’occupaient que du point de vue géographique. Ils restèrent à regarder le bateau en silence avec l’attention sérieuse et solennelle qu’ils auraient mise à faire une enquête sur un cadavre. Ensuite ils se parlèrent l’un à l’autre, comme si le propriétaire de la petite embarcation ne pouvait rien entendre de leur conversation.

Le n° 1 : « Eh bien, quoi ? qu’est-ce que je vous ai dit, Pater ? — Oh ! vous me l’avez bien dit, reprit le n° 2. — Certes, je vous l’avais dit, ajouta le n° 1. — Oui, et naturellement n’étais-je pas du même avis ? répondit le n° 2. — Oui ; je vous ai dit que les hommes de ce temps-ci sont supérieurs à ceux des temps passés. Il y avait autrefois le grand Colomb, qui eut besoin de trois navires pour découvrir l’Amérique. Savait-il rien des bateaux de papier ? Mais rien, rien du tout. Il navigua sur de gros navires, tandis que ce jeune homme a fait toute la route depuis le Canada jusqu’ici, Je vous dis que les hommes d’autrefois n’étaient pas à la hauteur des hommes d’aujourd’hui. Voici, par exemple, le capitaine Boyton, qui n’a pas du tout, mais pas du tout, besoin de steamer ou de navire, et qui a traversé l’océan Atlantique à la nage dans des vêtements de caoutchouc pour se tenir bien au sec. Voyez, mon ami, comment il a débarqué ces jours-ci sur les côtes de la vieille Irlande. Maintenant, qu’est-ce que Christophe Colomb, ou tout autre homme des siècles passés, en comparaison de ceux-ci ? Colomb ne pourrait même pas dénouer les cor-