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XII
INTRODUCTION.

terres voisines, mais qui est ouvert à chacune de ses extrémités, de sorte que si pour l’habitant de la terre ferme il sépare deux îles ou deux pays, il est au contraire pour le navigateur, le passage qui permet la communication entre deux mers, ou même deux étendues de mer. Ainsi en est-il du Sund du Danemark qui sépare l’île de Seeland de l’extrémité méridionale de la Suède, mais qui unit aussi la mer du Nord à la mer Baltique. Il y a apparence de contradiction selon le point de vue où l’on se place ; mais nous avons nous-mêmes dans notre français quelque chose de semblable lorsque nous disons le bief de partage d’un canal. C’est bien, en effet, pour l’ingénieur le point le plus élevé qui partage les eaux pour les envoyer dans des directions différentes, en leur faisant descendre les deux versants opposés d’une chaîne de montagnes ; mais pour le batelier, c’est le point de jonction entre les cours d’eau de deux vallées, de deux bassins. Cependant, nous n’appliquons pas le mot de Sund sur notre territoire, ni dans notre langue générale, et nous disons détroit, voire détroit du Pas-de-Calais, celui qui met en communication la Manche avec la mer du Nord. C’est une locution quelque peu singulière, car en cette circonstance Pas signifie passage, passe ou détroit de Calais, comme on dit : le Pas de Suze dans les Alpes du Piémont. C’est donc un sorte de pléonasme, quoiqu’il soit justifié par l’usage.

Si les langues latines ont rejeté le mot Sund, il a, en