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EN CANOT DE PAPIER.

bonne nouvelle que l’agent de Norfolk avait télégraphié à l’éclusier de laisser passer le canot de papier exempt de droits. C’était la première fois qu’il m’était fait un pareil honneur. La marée montante et descendante varie d’environ trois pieds et demi aux écluses. Lorsque je les passai, la différence aux extrémités n’atteignait pas deux pieds. Le vieil éclusier me conseilla d’abandonner immédiatement mes projets de voyage, en prétendant que « je ne pourrais jamais franchir les Sounds avec un si petit bateau ». Quand je lui appris que j’en étais à mon second millier de milles de navigation en canot depuis Québec, il poussa un long soupir et un grognement peu encourageant.

Dès qu’on a franchi les écluses, on se trouve dans un marais tout couvert de cyprès. Des terres enlevées par les dragues et rejetées sur les bords du marais les ont relevées de sept pieds au-dessus de l’eau. Des pins malingres croissent sur ces rivages, et des petits oiseaux volaient et chantaient en se préparant à leur émigration vers le sud.

Quand un paquebot ou un remorqueur me dépassait, il forçait le canot à se rapprocher de la rive ; mais la vitesse de ces bateaux était si réduite en naviguant dans le canal, que le remous de leurs hélices ne causait aucun ennui au canotier. Des noirs libres conduisaient à la perche des radeaux chargés de planches et de bois de construction ; en passant près de moi, ils fredonnaient de gaies chansons. Le canal aboutit à la rivière du Nord-Landing sans écluses. Un peu plus loin se trouve Nord-Landing, petite ville qui donne son nom à la rivière. À une