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chapitre neuvième.

courte distance, on voit un magasin et les indices d’une exploitation. La rivière est sinueuse et laisse bientôt le marais derrière elle ; à la forêt de pins succèdent d’autres marais sur l’une et l’autre rives d’un courant peu rapide.

À trois milles de Nord-Landing, on peut apercevoir une petite maison solitaire, puis, pendant à peu près cinq milles en descendant la rivière, rien ne fait reconnaître la présence de l’homme jusqu’au bac Pungo qui apparaît sur le marais, sur la rive orientale de la rivière. Ce bac, ainsi qu’un magasin situé à trois quarts de mille du débarcadère et une ferme de presque deux cents acres, appartiennent à M. Charles Dudley, qui fait tous ses efforts pour décider les hommes du Nord à se fixer dans son voisinage. Il y a beaucoup de propriétaires sur les plateaux qui vendraient volontiers une partie de leurs terrains à des gens du Nord pour les engager à s’établir près d’eux.

Il faisait déjà presque nuit lorsque j’atteignis le magasin situé près du bac Pungo ; et, comme le dimanche a toujours été un jour sacré pour moi, je me décidai à camper jusqu’au lundi. Un noir difforme tenait le bac à bail et faisait mouvoir le bateau en avant et en arrière par une chaîne et un treuil. Il fut très-poli pour moi, et il voulut bien mettre son logis à ma disposition, jusqu’au moment où je serais prêt à partir pour le Currituck-Sound. Nous enlevâmes d’abord le canot et nous le passâmes par une fenêtre dans un petit hangar, où il fut placé sur un comptoir inoccupé. Le noir monta dans le grenier et me jeta deux bottes de joncs secs pour m’en faire un lit, sur lequel j’étendis mes couvertures. Un vieux poêle, placé