Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/213

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
chapitre dixième.

sûr ; mais où est son bateau ? Vous voyez bien que je ne pouvais pas voir votre canot, tant il est bas sur l’eau. Au premier moment j’ai cru qu’un homme se sauvait sur une pièce de bois, mais bientôt après le bateau brillait au soleil, et je me dis à moi-même : Je donne ma langue aux chiens si ce n’est pas lui. Dernièrement j’étais remonté à Newbern, avec ma goélette, et là j’ai appris qu’il y avait un homme qui descendait la côte à la rame dans un canot de papier, par suite d’un pari. Le bateau ne pesait que cinquante-huit livres, prétendait-on, et le canotier quatre-vingts livres seulement. Maintenant que je vous vois, je crois que vous pesez plus que cela, sans tenir compte du bateau. »

En assurant à ce jeune homme que c’était bien moi en personne, et que les habitants de Newbern avaient abusé quelque peu de sa crédulité, nous nous rendîmes ensemble à la maison du capitaine James Mason ; lui et sa famille me reçurent avec une extrême bonne grâce, de bon feu et un joyeux souper. Bien que je fusse un inconnu pour eux jusqu’à mon arrivée dans le Core-Sound, ils m’accueillirent avec autant de cordialité que l’eussent fait de vieux amis.

À un demi-mille au-dessous de la maison du capitaine, une nouvelle brèche avait été faite depuis peu de temps dans la plage par l’Océan ; vingt ans auparavant, une ouverture du même genre s’était produite a la même place ; pendant la durée de sa courte existence, elle était connue sous le nom de passe Pillintary. Le lendemain je traversai le Sound, qui, là, est large de quatre milles, et je suivis la côte jusqu’à un