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EN CANOT DE PAPIER.

village habité par des pêcheurs, qui porte le nom de Hunting-Quarters. Les maisons étaient très-petites, mais par contre les cœurs de ces braves gens étaient très-grands. Ils vinrent au-devant de moi, et emportèrent le canot dans l’unique magasin du voisinage. M. William Steward, qui en était le propriétaire, insista pour me faire partager sa chambre de garçon, dans une pièce qui n’était pas encore terminée et qu’il s’était réservée dans ce local. Mon jeune hôte avait tout au plus vingt ans ; il me dit avec la naïveté de son âge : « Je suis tout seul ici ; en mourant, le père m’a recommandé de ne jamais laisser passer à ma porte un étranger sans lui offrir l’hospitalité de mon foyer, si modeste qu’il fût. Aujourd’hui, vous arrivez juste à temps pour la fête, car, par un heureux hasard, nous avons trois mariages pour ce soir, et tous les gars et les filles du voisinage seront à Hunting-Quarters. »

Je m’excusai doucement, en alléguant que je n’avais pas reçu d’invitation ; sur quoi le jeune homme se mit à rire de tout son cœur, en s’écriant : « Une invitation ! mais personne n’en fait ici ! Quand il y a une fête dans une maison, tout le monde y va sans être convié ; vous voyez, nous sommes tous voisins. À Newbern et à Beaufort, et dans d’autres grandes villes, les gens ont leurs coutumes, mais ici tous sont des amis. »

Là-dessus, nous nous rendîmes à une petite maison de la forêt de pins, où deux cœurs allaient bientôt être unis. L’unique pièce du premier étage était remplie de monde. Le ministre n’était pas arrivé, et l’assemblée s’occupait à regarder le jeune homme et sa jolie fiancée,