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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/218

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EN CANOT DE PAPIER.

frappaient et remuaient leurs pieds à peu près comme les garçons. Bientôt quatre ou cinq d’entre elles quittèrent la danse et allèrent s’asseoir dans un coin, en faisant la moue. Mon compagnon m’expliqua que ces demoiselles étaient un peu collet monté, depuis qu’elles avaient été au bal deux ou trois fois à la ville de Newbern, où l’on avait une autre tenue, et où l’on ne trouvait pas convenable pour une jeune fille de frapper le sol avec ses talons, etc., etc.

Combien de temps le bal dura-t-il, c’est ce que je ne saurais dire ; car la perspective d’une longue course pour le lendemain me décida à me retirer de bonne heure au magasin ; mon sommeil fut interrompu par un bon vieux couple qui venait m’inviter à prendre le thé à une heure et demie du matin. Ne voulant pas blesser les sentiments de ces excellentes personnes, je répondis à l’appel in propria persona, et je m’aperçus que c’était la mère de la fiancée no 1 qui m’adressait cette invitation. Une table bien garnie occupait le milieu de la chambre où quelques heures auparavant le plancher menaçait de s’effondrer sous le poids de la foule curieuse, et là, assis, comme je l’ai déjà décrit, étaient le fiancé et la fiancée, indifférents sans doute au changement de scène, tandis que la mère de la mariée, en se balançant dans son fauteuil, disait d’un ton dolent : « Oh ! John, si vous aviez épousé l’autre, j’aurais été vite consolée, mais celle-ci faisait le bonheur de ma vie ! »

À la pointe du jour, le canot entra dans le Sound, ensuivant la côte occidentale, qui était égayée par le brillant soleil du jour de la naissance de Notre-Seigneur.