Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/219

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chapitre dixième.

A midi, sans y faire attention, j’avais franchi l’embouchure de la passe qui sépare l’île Harker de la grande terre, et je côtoyai l’île qui est près du Fort-Macon, dans l’intérieur de l’angle formé par le cap Lookout. Je vis qu’il m’était impossible d’arriver ce jour-là à Newbern, via Morehead, et j’amarrai le canot à l’extrémité de l’île Harker ; je déjeunai là à deux heures, suivant la coutume fashionable, entouré d’hommes, de femmes et d’enfants ; ma manière de cuire mes conserves et de faire du bouillon de bœuf en aussi peu de temps, non moins que le canot de papier, inspiraient aux insulaires une grande admiration. Ils étaient d’abord un peu intimidés devant cette apparition, — qui semblait être tombée d’une façon merveilleuse sur leur rivage, — et ils la contemplaient avec des yeux brillants de curiosité. J’expliquai ensuite à ces gens les différents moyens d’utiliser le papier, même pour payer les dettes colossales des nations. Peu à peu mon auditoire devint très-sympathique, et je fus invité au dîner du Christmas dans leur cabane, au milieu des bouquets d’arbres, près du rivage, et l’on me pressa de retarder mon départ jusqu’au soir. Nous prîmes cependant congé les uns des autres, eux m’aidant à lancer mon bateau, et moi les remerciant de leur obligeance ; ils m’envoyèrent un joyeux adieu quand je mis le cap sur Beaufort, devant lequel je passai dans l’après-midi, sans autre incident.

A trois milles plus au sud, se trouve la jetée du chemin de fer de la ville de Morehead, dans le Bogue-Sound ; arrivé là, une foule empressée vint prendre mon canot pour le porter à l’hôtel. Je reçus bientôt un télégramme