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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/227

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chapitre dixième.

Le lendemain, le temps devint mauvais, et le grésil gela sur les arbres, revêtant leurs branches et leurs bourgeons d’une couche de glace. Mon hôte, M. Mac Millan, eut l’obligeance de m’inviter à prolonger mon séjour chez lui, ce que j’acceptai avec bonheur ; j’appris qu’il s’occupait surtout de la culture des noix d’Amérique.

Dans la matinée du mercredi, le temps s’éclaircit par intervalles, et le givre qui couvrait les arbres cédait aux douces influences d’un vent du sud.

Toute la famille de M. Mac Millan alla se grouper sur le débarcadère pour me voir partir, et les aimables dames placèrent dans ma cambuse plusieurs friandises qu’elles avaient confectionnées elles-mêmes. À peine avais-je fait un demi-mille, que j’eus le désir de jeter un regard sur la côte, où ceux qui il y avait seulement quatre jours étaient pour moi des étrangers m’adressaient des adieux d’amis. Ils avaient été dépouillés de leur fortune, bien que le bon et vénérable planteur n’eût jamais levé la main contre le gouvernement de ses pères. Cette famille, comme des milliers de gens du Sud, payait pour le mal que d’autres avaient fait. Quoique les sentiments politiques de ce gentleman différassent de ceux de l’étranger du Massachusetts, leurs rapports sociaux n’eurent pas à en souffrir, et les opinions de mon hôte ne l’empêchèrent pas de prouver une fois de plus la générosité des gens du Sud. J’étais venu à lui comme un voyageur en quête de la vérité, avec des intentions honnêtes ; dans ces conditions, l’homme du Nord n’a pas besoin de chercher des lettres d’introduction auprès de neuf sur dix des citoyens