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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/235

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chapitre onzième.

écrivent sur la géographie ne voyagent jamais, ils restent chez eux, et ils en défilent plus long que le bras sur toutes les choses qu’ils n’ont jamais vues. »

Puis, après avoir regardé son pauvre costume, veste et culotte couleur beurre frais, il passa la main sur mon vêtement de laine bleue et reprit lentement, d’une voix éraillée : « Étranger, ces habits doivent coûter de l’argent. Le bateau de papier coûte de l’argent, j’en suis sûr, et il en doit coûter quelque chose pour aller du Nord au Sud ; si ce n’est pas un pari, alors quelqu’un vous paye bien pour cela ? »

Pendant une heure, j’entretins ce très-peu cultivé représentant de la loi de mon long voyage, de mes épreuves et de mes plaisirs ; mon récit l’intéressa vivement, et finalement il me fit part de ses propres ambitions et des difficultés qu’il rencontrait à faire respecter la loi et le gouvernement par les habitants des forêts de pins. Ensuite, voulant m’enseigner la route de la rivière à travers les marais jusqu’à la mer, il me prit par la taille de l’air le plus affectueux et me dit : « O étranger, Mon cœur est avec vous : comment ferez-vous demain, lorsque vous passerez devant ces affreuses coquines ? Elles ont presque démoli mon radeau la dernière fois que je suis allé à Georgetown. Prenez-y garde, je vous avertis à temps. » M. Jim me dépeignit le danger avec tant d’emphase, que je finis par prendre un peu peur, car je craignais plus que tout au monde d’avoir une querelle avec les coquines du pays. Ensuite il nous apprit, à M. Hall et à moi, que quatre ou cinq de ces mégères, et de la pire espèce, habitaient à quelques