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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/267

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chapitre onzième.

Les noirs se montrèrent pour moi bons et civils, comme ils le sont toujours lorsqu’on les traite bien ; ils m’adressèrent du quai, des cris d’adieu inintelligibles, lorsque je descendis le canal jusqu’au ruisseau l’Alligator. Cette route m’emporta bientôt sur ses eaux salées jusqu’à la mer ; car, ayant manqué une ouverture étroite jusqu’au marais appelé le Eye of the Needle[1] (passage que prennent les bateaux à vapeur), je me trouvai sur la mer calme, dont les pulsations se manifestaient en longues houles. Au sud, je voyais l’île basse du cap Roman, qui, semblable à un bouclier, protégeait le calme de la baie située en arrière de l’île. Les marais s’étendaient jusqu’à la grande terre, presque jusqu’au cap, tandis que sur les bords des prairies couvertes de roseaux, s’élevait, sur une île en dedans du cap, la tour du phare Roman. C’était la première fois que ma frêle embarcation flottait sur l’Océan. Je côtoyai la plage de ces terres basses, me dirigeant vers le phare, jusqu’à un ruisseau qui débouchait du marais, et j’y entrai. En passant d’un cours d’eau a un autre, je finis par me trouver à la brune dans la baie du Bull. Alors la mer déferlait et brisait sur la côte ; il me fallut la serrer de près, car les anciens ennemis de mon repos, les marsouins, étaient visibles et péchaient en troupes nombreuses. Pour dérober le canot au contact dangereux des bancs d’huîtres, je le dirigeai vers un chenal plus profond ; mais les aimables marsouins donnèrent la chasse à mon bateau et le poussèrent encore sur les bancs d’huîtres aux coquilles coupantes. La nuit

  1. Le chas de l’aiguille.