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EN CANOT DE PAPIER.

L’amélioration de leur condition morale était sa grande préoccupation.

La vie qu’il avait menée, bien que d’abord pénible, lui avait été imposée, et il avait supporté sa responsabilité personnelle avec un désir véritablement chrétien de faire du bien à tous ceux qui l’entouraient. Étant très-jeune encore, et au retour d’un voyage en Europe, son père lui avait donné l’île Jehossee en cadeau, grande propriété de cinq mille acres, dont il ne fallut pas moins que l’aide de quatre vigoureux canotiers pour en faire le tour en un jour.

« Voilà, dit le père au futur gouverneur de la Caroline du Sud, voilà les éléments ; maintenant, allez, et fécondez-les par votre travail. »

William Aiken avait consacré son intelligence à développer les talents qu’il avait reçus de la nature. Ses efforts, bien dirigés, portèrent leurs fruits ; d’année en année, l’île Jehossee, ce désert à moitié submergé et vaseux, devint une des plus belles plantations de riz du Sud. Le nouveau maître du domaine avait fait creuser des rigoles dans le marais et défendu ses champs par des fossés destinés à détourner les eaux qui tombent des hautes terres et celles qui proviennent des marées de l’Océan ; il avait ainsi réussi à établir un bon système de drainage et d’irrigation. Il s’était mis en devoir de faire construire des habitations confortables pour ses esclaves, une église et des maisons d’école à leur usage. Au lieu de deux cent quatre-vingts acres qui jadis étaient cultivées en riz, le nouveau propriétaire a conquis sur le marais seize cents acres de rizières et