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chapitre douzième.

six cents autres acres cultivées en légumes, grains et fourrages.

Pendant plusieurs années, avant la guerre, Jehossee produisait une récolte d’une valeur de soixante-dix mille dollars, représentant un revenu net de cinquante mille dollars au propriétaire. Dans ce temps-là, le gouverneur Aiken avait huit cent soixante-treize esclaves sur l’île et environ une centaine d’autres employés, tels que des mécaniciens, ouvriers, à Charleston. Les huit cent soixante-treize esclaves de Jehossee, hommes, femmes et enfants, fournissaient un atelier de trois cents personnes environ sur les rizières.

M. Aiken ne voulut pas tolérer les unions libres, qui sont si ordinaires chez les noirs, et il avait forcé ses esclaves à se soumettre à la cérémonie du mariage ; ce fut là une des plus grandes difficultés qu’il eut à surmonter ; car, à quelque cause qu’on l’attribue, les faits restent les mêmes, c’est-à-dire que les nègres n’ont habituellement aucun sens de la moralité.

Après tous les essais faits sur la plantation pour améliorer l’état moral de ses habitants, le gouverneur Aiken, pendant la saison de la fièvre jaune à Savannah, après la guerre, tandis qu’il visitait les pauvres malades, emporté par un sentiment de charité, trouva dans les plus misérables quartiers de la ville, et plongés dans l’état le plus abominable du vice, des hommes et des femmes qui avaient été autrefois de bons serviteurs sur ses plantations.

Jadis, l’île Jehossee était un heureux séjour pour le maître et pour l’esclave. Le gouverneur fermait rare-