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chapitre douzième.

reau des affranchis. Le bruit se répandit alors que la maison d’Aiken était pleine de très-beaux meubles anciens, et que quelques fidèles serviteurs en étaient les seuls gardiens ; des pensées cupides hantèrent aussitôt les imaginations coupables des représentants de l’ordre et de la loi. Les maisons étaient restées presque sans protection, la guerre était finie, la Caroline du Sud avait plié sa tête si fière, dans l’agonie, sur ses plantations incendiées et ses maisons ravagées. L’armée victorieuse proclamait maintenant la paix et promettait un généreux traitement à l’adversaire vaincu.

À quel état presque inimaginable de démoralisation fallait-il donc que fussent tombés les protecteurs des affranchis lorsqu’ils envoyèrent une canonnière à l’île Jehossee et qu’ils dévalisèrent de tous ses trésors cette antique maison ?

Aujourd’hui, le buffet préféré du gouverneur est chez un habitant de Boston, comme un trophée de la guerre. O gens du Nord, ne les gardez pas plus longtemps, ces trophées de la guerre, volés aux foyers du Sud ! Restituez-les à leurs propriétaires, ou bien cachez-les aux yeux de vos enfants pour qu’ils ne puissent pas être induits à croire que la guerre entreprise pour le maintien de la grande République était une guerre de pillage ! S’il n’en était pas ainsi, le courage des hommes et les prières des femmes auraient été dépensés en vain. Arrière ces pianos volés, ces buffets, cette argenterie qui ne vous appartenaient pas ! Que pouvait-on attendre autre chose que ce misérable petit pillage, d’hommes qui, envoyés dans le Sud pour y protéger les droits des