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chapitre douzième.

mon attention ; là, je stoppai sur mes rames, tandis qu’un bateau chargé de femmes et d’enfants venait au-devant de moi.

« Est-ce là le petit bateau ? » dirent ces personnes en regardant mon canot avec curiosité ; d’autres questions me prouvèrent encore que, même dans ces régions solitaires, des coureurs noirs avaient d’avance instruit la population de la prochaine arrivée du canot de papier. Je m’informai près des négresses de la route que je devais prendre ; mais chacune de ces femmes me fît une réponse différente quant à ce qui était du passage des Horns au Sound Sainte-Hélène. Entrant hardiment dans les ruisseaux tortueux, tant que le soleil ne fut pas couché, j’allais de cours d’eau en cours d’eau, retournant à tout instant sur ma route, où la marée ne descendait pas encore assez pour m’indiquer le chemin du Sound. Avec le temps cependant, elle finit par baisser rapidement, et je la suivis en allant d’un bras à un autre, sans jamais trouver le passage principal.

Tandis que j’étais perdu dans les roseaux et fort embarrassé de savoir par où me diriger, le bruit de vagues qui se brisent vint frapper mon oreille comme une douce musique. La mer me faisait savoir qu’elle n’était pas loin. Promenant mes regards par-dessus les terres couvertes de gazon, je vis devant moi les grandes eaux du Sound Sainte-Hélène. La brise fraîche et salée de l’Océan, que je sentais sur mon front, me donna du nerf, et je redoublai d’efforts pour gagner des terres plus élevées où je pusse trouver un refuge.

Le jusant n’était pas encore au plus bas ; je dus tra-