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EN CANOT DE PAPIER.

bouquets de bois qui s’élevaient d’une façon pittoresque, par place, sur les basses terres. Une heure plus tard, à ma droite, à la pointe Bennett, le chenal avait un quart de mille de largeur.

Durant cette étape, tout le pays que je parcourus avait un charmant aspect. Ici, des marais parsemés de futaies rompaient la monotonie de la solitude ; là, de modestes habitations de blancs et de noirs se montraient par intervalles dans la verdure des forêts. Dépourvu de carte exacte du département hydrographique, je me trouvai très-embarrassé, après avoir longé à la rame une des côtes de l’île Hutchinson, au milieu d’un réseau de ruisseaux, entre la pointe Bennett et la côte.

Je dessinai tant bien que mal une esquisse topographique du pays en descendant l’Hutchinson, autrement dit le Big-River ; c’est le meilleur des deux noms, car c’est un cours d’eau d’une grande largeur. Ensuite, je tombai sur un groupe d’îles basses ; sur l’une d’elles se trouve une plantation qui avait été abandonnée aux noirs ; la petite parcelle de terre sur laquelle deux ou trois maisons avaient été construites était le seul point qui ne fût pas inondé à marée haute, entre la plantation et la mer.

J’étais maintenant dans une grande hésitation. J’avais quitté la résidence hospitalière du gouverneur Aiken à dix heures du matin, tandis que j’aurais dû partir au lever du soleil, afin d’avoir le temps d’entrer dans le Sound Sainte-Hélène avant la nuit. La perspective de n’avoir pas d’abri devenait inquiétante, lorsque de grands cris, poussés par les noirs de la côte, attirèrent