Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/306

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chapitre treizième.

autres noirs. Il nous a donné notre liberté — c’est très-bien — mais une autre chose nous manque, c’est que le général Grant rende tout cela définitif. Le magasinior[1] ne donne au pauvre noir qu’un dollar par boisseau de grain, et quelquefois moins. Il faut faire quelque chose de plus pour le pauvre noir. Dites au gouvernement de faire pour lui ce que l’ancien maître m’a dit : « Vous avez été un bon esclave dans les temps passés, un très-bon esclave ; maintenant, je vous donne un, deux, trois, cinq acres de terre pour vous. » Alors, le pauvre noir sera heureux, le maître aussi, et nous serons heureux tous les deux ! Avez-vous un peu de tabac pour ce pauvre vieux ? »

Le manoir de M. Styles n’était qu’à trois milles d’Ossabaw-Sound. La petite île Don et Caye-Raccoon sont à l’embouchure du Vernon. Entre les deux îles, il y a un passage profond, par lequel les marées se précipitent avec force ; il s’appelle Hell-Gate[2]. Au sud du Raccoon, la rivière Ogeechee verse un très-grand volume d’eau dans le Ossabaw-Sound.

J’entrai dans la grande rivière Ogeechee par le passage de l’île Don, et je vis des pêcheurs d’esturgeons occupés à tendre des filets le long des côtes des Sea-Islands, situées entre les Sounds Ossabaw et Sainte-Catherine ; il a huit milles de long sur six de large. Du côté de la mer, le rivage est bordé de hauteurs et de

  1. Employé du gouvernement chargé de l’administration des biens confisqués.
  2. La porte de l’enfer.