Aller au contenu

Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
EN CANOT DE PAPIER.

par les paquebots à vapeur, pour la rendre plus courte.

Laissant Greenwich, Bonaventure et Thunderbolt derrière moi, sur les coteaux, le canot s’avança sur la grande étendue de côtes marécageuses des rivières Wilmington et Skiddaway, jusqu’aux Skiddaway-Narrows, cours d’eau tortueux et resserré qui unit le Skiddaway avec le Burnside. Les basses terres étaient pittoresques, et quelques-unes d’entre elles étaient très-bien cultivées.

En quittant Burnside pour entrer dans la grande rivière Vernon, et en approchant de la mer, le canot fut surpris par un de ces coups de vent violents qui bouleversent fréquemment les eaux des côtes, et il fut poussé sur un petit tertre dans les marais de l’ile Green, sur la rive gauche de la rivière Ogeechee. Autrefois, l’île Green était bien cultivée, mais elle n’est plus aujourd’hui que la résidence d’été de M. Styles, son propriétaire. Deux ou trois familles de noirs habitaient les cabanes et prenaient soin de la maison pendant l’absence de M. Styles.

Je dus me mettre dans la boue jusqu’aux genoux pour amarrer le canot, et comme la tempête se prolongea toute la nuit, force me fut de dormir sur le plancher de l’humble cabane d’un noir, nommé Ecbard Holmes, après avoir d’abord distribué à sa famille des biscuits et du café. Tous les noirs du voisinage étaient réunis pour voir le canot, et en apprenant que j’étais du Nord, un vieux noir à cheveux gris me demanda de porter « ses doléances » à Washington.

« Le gouvernement, dit-il, a été très-bon pour nous